Projet Agroforestier en cours à Cuba

Ce projet initié en 2014 s’appuie sur les objectifs suivants.

Projet industriel agro-sylvo-pastoral et d’énergie verte à Cuba au travers l’exploitation des terres durables envahies par le marabú – contribution à la sécurité alimentaire et à l’adaptation au changement climatique en contexte insulaire tropical.

Contexte général et problématique

Cuba est confronté à une problématique écologique et environnementale de grande ampleur. Il s’agit de l’invasion des terres destinées à l’Agriculture par une plante le marabú (Dichrostachys cinerea (L.) Wight et Arn.), un arbuste de la famille des Mimosacées (acacias etc.). Les surfaces affectées sont estimées à 800 000 ha soit 1/8 de la surface agricole utile et 7% du territoire national cubain. Cette expansion du marabú diminue la superficie agricole utilisée, au détriment de la sécurité alimentaire du pays. Le développement du marabú réduit aussi la biodiversité naturelle ou cultivée et augmente les menaces d’érosion des sols en cas de fortes pluies, de plus en plus probables dans le cadre du changement climatique.
Il est donc important de transformer le marabú en ressource et de le remplacer là où cela est souhaitable par des systèmes forestiers, pastoraux et / ou agricoles plus productifs pour contribuer à la sécurité alimentaire et énergétique de la population cubaine.

Le marabú présente actuellement peu de débouché commerciaux. Le plus significatif est sa transformation en charbon de bois dans des fours archaïques en meules. Ils sont à faible rendement, très polluants pour l’environnement et dangereux pour la santé des opérateurs. Ce charbon de bois, principalement destiné à l’exportation, est ainsi sous-valorisé par manque de technologies adaptées. Il ne pourra bientôt plus satisfaire aux normes Européennes et Internationales sur l’environnement.
Ainsi, la mise en place de technologies de carbonisation efficace est essentielle à la filière cubaine. L’utilisation d’une matière première biosourcée et renouvelable comme le marabú constituerait indéniablement un atout majeur pour le pays.

Concernant les surfaces agricoles récupérées, la plupart des projets mis en œuvre à Cuba au cours des deux dernières décennies pour lutter contre le marabú n’ont pas pris en compte de manière spécifique la remise en culture post-coupe. Or cette plante laisse les sols nus avec des risques importants d’érosion des sols. Les conséquences en termes de sécurité alimentaire et environnementales sont importantes. C’est la seconde particularité de ce projet que de prendre en compte cette phase de remise en culture adaptée aux besoins de la population et en adéquation avec les conditions climatiques des régions concernées.
La troisième particularité de ce projet est de penser la remise en culture post marabú dans l’optique de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique. En effet, les modélisations sur la région Nord Caraïbes (Hattfield and all, 2014 : Climate Change Impacts in the United States -and the Caribbean- ; Ouzeau et alli, 2014. Le Climat de la France -y compris les Antilles-) laissent augurer des évolutions qui doivent être prises en compte : le nombre de journées dépassant les 35 °C pourrait augmenter à partir de 2040 de plus de 50 jours par rapport à la situation actuelle. Les évènements climatiques extrêmes (cyclones, pluies intenses, période de sécheresses dans le cadre d’une pluviométrie globale stable …) risquent d’être plus fréquents et / ou intenses. Le niveau de la mer risque de s’élever, avec une triple conséquence pour une situation insulaire comme celle de Cuba : une invasion des parties les plus basses de l’île (Ciénaga de Zapata par exemple), une salinisation des nappes phréatiques côtières et une raréfaction de la ressource en eau disponible, notamment pendant les périodes de sécheresse.

D’autre part, les récentes conclusions formulées lors de la COP 21 laissent entrevoir un rôle majeur des sols pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’initiative française intitulée 4 pour 1000 vise un accroissement du taux de carbone dans les sols sous forme de matière organique de 0,4% par an au cours des prochaines décennies. Cet accroissement permettrait de compenser les émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Il concernerait aussi bien les sols agricoles (objectif d’accroissement de 1,4 Gt de carbone/an), les forêts (1,3 Gt/an) et les sols affectés par la salinisation ou en cours de désertification (0,5 à 1,4 Gt/an). L’amélioration des pratiques agricoles et l’utilisation de biochar sont deux voies prometteuses. Il est donc indispensable de penser le futur des zones débarrassées du marabú dans ce contexte du changement climatique.
Ainsi, le projet de développement proposé est l’une des réponses significatives et durables aux différents enjeux de l’environnement mondial tels que la dégradation des terres, les changements climatiques, l’eau et les énergies renouvelables. Le projet de développement sera soumis à une évaluation de ses impacts tant d’atténuation (réduction des gaz à effet de serre, renforcement des puits naturels de carbone) que d’adaptation (augmentation de la production agricole durable, revenus des populations cibles, etc).

L’objectif du projet de développement porte sur le triple engagement de :

  1. Valoriser commercialement l’espèce envahissante du Marabu par son exploitation et sa transformation en produits biosourcés de hautes valeurs ajoutées (charbon de bois, charbon actif, biochar, bioénergie) pour le marché national et international,
  2. D’exploiter des systèmes agro-sylvo-pastoraux (cultures vivrières, sorgho, guayule, pâturages) sur les surfaces récupérées dans les régions semi-arides de Cuba,
  3. De favoriser le développement rural dans un contexte d’atténuation et d’adaptation des effets du changement climatique et de transition vers un environnement climatique bas carbone.

Ce projet bénéficie de l’appui du Gouvernement Français dans le cadre d’un FASEP , du Fonds de Conversion Franco-Cubain suite aux Accords du Club de Paris, de l’appui de la CEE et l’AFD dans le cadre des dispositifs LAIF.( Supporting sustainable investments in agricultural value chains in Cuba. Latin America Investment Facility).

Principaux axes du projet :

Coupe et transformation de la biomasse du Marabù.
Mise en culture de guayule et autres espèces forestières.
Transfert d’une usine de carbonisation et transfert de technologie pour la production de charbon de bois, charbon actif et biochar.
Mise en place d’une unité de cogénération électrique associée au recyclage des gaz et fumées de l’usine.
Création d’un pilote industriel pour la transformation du latex issu des plantations de guayule en collaboration avec le CIRAD.

 

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